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Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/413

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des prêtres nommés Helviens, lesquels avaient appartenu à Marc-Aurèle. Il voulut aussi être appelé Pertinaz ; mais, dans la suite, il quitta ce nom, sur les représentations de ses amis.

VIII.

Il paya ensuite tout ce qu’il devait. Il donna pour maris à ses filles, après les avoir dotées, Probus et Aétius. Il offrit à son gendre Probus la préfecture de Rome; mais celui-ci la refusa, disant qu’il préférait la qualité de gendre de l’empereur à celle de préfet. Il commença par faire ses deux gendres consuls, et il les enrichit tous deux. Il se rendit ensuite au sénat, et s’y porta l’accusateur des amis de Julien, qui furent dépouillés de leurs biens et mis à mort. Il jugea aussi plusieurs causes, et il punit sévèrement, sur des preuves manifestes, les juges accusés par les provinces. Ayant trouvé en fort mauvais état les approvisionnements, il y pourvut avec une telle vigilance, qu’à sa mort il en laissa au peuple romain une réserve pour sept années. Il partit pour pacifier l’Orient, sans avoir encore dit en publie un seul mot de Niger. Toutefois il envoya des légions en Afrique, de peur que Niger ne vint occuper ce pays par la Libye et l’Egypte, et ne fit souffrir au peuple romain la disette. Il laissa Domitius Dexter préfet de Rome, à la place de Bassus, et il sortit de cette ville trente jours après y avoir fait son entrée. Après son départ, il essuya, aux Roches-Rouges[1], une violente sédition de son armée, à cause de l’emplacement du camp. Son frère Géta s’empressa de venir à sa rencontre et reçut de lui, contre son espérance[2], l’ordre d’aller gouverner la province qui lui était confiée. Il eut pour les enfants de Niger, qu’on lui avait amenés, autant d’égards que pour les siens mêmes. Il avait envoyé une légion occuper au plus tôt la Grèce et la Thrace, pour empêcher Niger de s’en emparer ; mais celui-ci était déjà maître de Byzance. Voulant réduire aussi Périnthe en son pouvoir, Niger fit périr un grand nombre de soldats; ce qui lui fit donner le nom d’ennemi, ainsi qu’à Émilien. Il fit à Sévère la proposition de partager avec lui l’empire; proposition qui fut repoussée avec mépris. Sévère lui offrit toutefois un asile sûr, s’il voulait l’accepter ; mais il refusa de pardonner à Émilien. Ce dernier, vaincu dans l’Hellespont par les lieutenants de Sévère, se réfugia d’abord à Cyzique, puis dans une autre ville, où il fut tué par l’ordre des vainqueurs. Les troupes de Niger furent aussi défaites par les mêmes généraux.

IX.

A cette nouvelle, Sévère Pertinax écrivit au sénat, comme si la guerre eût été terminée. Mais bientôt il en vint lui-même aux mains avec Niger, le tua près de Cyzique, et promena sa tête plantée au bout d’une pique. Il envoya en exil, avec leur mère, les fils de son ennemi, qu’il avait d’abord traités comme ses enfants. Il annonca cette victoire au sénat par des dépêches, et, de tous les sénateurs qui avaient favorisé le parti de Niger, il n’en fit mourir qu’un. Il témoigna beaucoup de ressentiment contre les habitants d’Antioche, qui s’étaient moqués de lui pendant son administration en Orient, et qui avaient fourni des vivres à Niger ; il finit même par les priver de la plupart de leurs privilèges. I retira le droit de cité aux habitants de Naplouse en Palestine, parce qu’ils avaient longtemps porté les armes en faveur de Niger. Il punit un grand nombre de ses partisans, excepté ceux qui faisaient partie de l’ordre des sénateurs. Il

  1. La Grotta Rossa, à deux Tenes de Rome.
  2. Géta espérait le titre de César ou de collègue de l’empereur. Voy. le Ch. 10.