Page:Suarès - Debussy, 1922.djvu/126

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concise, ce dédain de tout effort, sont-ils, dans l’ordre pur de l’art, au delà même du pathétique. La plus belle victoire de l’artiste est celle qu’il s’assure sans avoir l’air d’y toucher : au lieu d’une complaisance ou d’une concession facile au goût moins relevé des autres hommes, elle est le sacrifice exquis de l’artiste à sa propre et plus parfaite beauté. Le porche de Chartres en offre de sublimes exemples. Il en est ainsi dans Stendhal et dans Racine. Que Debussy y fasse penser, quelle clarté sur son génie : la merveille en est d’autant plus précieuse qu’elle est plus rare en musique. Le musicien est sans retenue, le plus souvent : il est un artiste qui, d’abord, s’épanche et qui ne sait presque jamais se borner. Debussy n’a pas son pareil pour la mesure : son art n’est tavelé d’aucune intempérance.