Le charme de l’expression sonore, la beauté d’un orchestre où le génie des timbres fait régner une incomparable unité, la perfection de la phrase vocale, tout concourt à masquer la puissance. L’œuvre paraît simple et facile, à force d’art. Parce qu’elle est sans clameur et sans cri, parce qu’elle ne fait jamais de bruit, on la pourrait croire sans haleine. Enfin elle semble se jouer dans la demi-teinte, parce qu’elle possède la maîtrise des valeurs et du clair obscur. Rien n’est si faux. Il est nécessaire, au théâtre ou dans la chambre, sur le clavier ou à l’orchestre, d’exprimer avec un soin jaloux toutes les nuances de cette musique : on s’étonne alors de tout ce qu’elle recèle : on perçoit, à la juste échelle de l’ensemble, la puissance des éclats, du tragique et de la passion, comme on sent