telle est la guerre du grand poète et du grand musicien au théâtre : un grand poème se suffit, la musique le gâte. Pour le grand musicien, le seul poème qui lui convienne est celui où la musique peut mettre la grande poésie, qui n’y est point.
Quand les pauvres amants osent enfin s’avouer leur amour, au seuil de la mort, répondant à l’ivresse de Pelléas, le murmure de Mélisande, presque imperceptible, presque morne, sur une seule note, forme un aveu sublime. Et l’adorable sourire de la mélodie : Je suis heureuse, mais je suis triste, est à la fois d’une profondeur et d’une délicatesse qu’on n’a jamais trouvées ensemble ni jamais égalées. Presque partout, la simplicité des moyens le dispute au raffinement. Il n’est musique près de celle-là qui ne semble ou un peu vide ou trop grossière.