Page:Suarès - Images de la grandeur.djvu/39

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LA VOILE NOIRE

��I. Le soleil deKcndait au tombeau de la mer verte.

Plut tranquille que la prunelle de l'air dans la buée du soir, la gorge laiteuse de la mer, à l'horizon, laissait fleurir sa pointe mauve, pa- reille i la blessure des lèvres trop baisées.

Elle ne palpitait plus. Et le soleil, déjik vaincu, versait son sang plus plie dans la légère brume.

II. Comme un cœur de chair accroche J une tige de fer, au ras d'un étal de marbre, —

Ou comme une rose de flammes, qui dort sur un chenf t, — Le soleil i demi dévoré s'enfonçait sur une barre noire.

III. Couchant, dieu qui meurs tout en sang, —

Le flot rouge qui coule de ton agonie, tombe sur la mer, en pluie de violettes. .

Et, par la prairie du deuil, acanthes au champ des eaus, les boucles de la chevelure d'or se déroulent au milieu des patD|'i>'- '-..mmc une offrande qui brille.

IV. Dans la mer mordorée, comme la trace du blessé dans le sable, tout le sang disparut.

Le ciel et l'océan révèrent.

Et voici que vers le port s'avança, pareille à l'ombre même, une grande et svelte goélette, aux voiles toutes noires. Elle glissait d'un vol souple, sur l'eau dormante, laissant un sillage de soie. Et le flot s'ouvrait doucement devant elle, avec le même pli résigné et la même douceur que l'on voit aux lèvres, quand It caresse de l'adieu les tourmente. .

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