Page:Suarès - Images de la grandeur.djvu/81

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5. Ville v'iiiùt, lU feint il'i'iir iniKHr Tu t L o.jumiv |tleiac de fumée. .

L« iouffle de la mer a ridé ton corp» rocheux, — El tu es couverte de hâle, vieille bViinc.

6. Tu es farcie d'orduret qu'on ne voit point, — et de misères qu'on voit peu, mais qu'on devine. Des hommes vertueux, véius de noir et fourrés d'impostures, passent le long de tes murs, rasant les barreaux dct fenêtres et les ferrailles, avec l'humilité de la morale la plus forte, ou l'ar- rogance du crime san^ vrimlali- Tu ^^ns l'alcool, le drap, la WMe cl le gondroo .

7. Mais c'est i peine si lu as couleur, odeur, ou son, chaque jour pendant plus d'une heure. Grlce au ciel, tout le reste du temps, tu rêves dans l'ombre pesante, sous les draps livides du nord, et sur l'oreiller mouvant des brumes. Tu soupires dans les songes malsains; et tu souffles, dans la torpeur de ton ennui, une haleine lourde et rauque.

8. Ton bruit n'est qu'un silence, qui se désole. .,

Ton jour, demi -aveugle qui perd le reste de m vue, n'est qu'une demi-nuit,. .

Ici, l'on rêve uns dégoût de la lumière. . La femme aspire tu sommeil entre les bras d'un amant sans rudesse; et l'homme songe de Salomé toute nue, dansant sous les orangers. Et moi, mouillant ici mes ancres, l'ai résolu d'y éirc pur, sans doute afin de n'être plus.

9. J'aimc les ville» sombre», de piorrc et de granii noirci» sou» l'écharpe des brumes, — les ports aux larges quais déserts où. du fleuve k la mer, flotte un cimetière de mits qui luisent, — et où le soleil n'éclairant plus la vie dans sa pleine horreur, elle se confond dans les brouillards et s'oublie.

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