Page:Suarès - Images de la grandeur.djvu/98

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LE SOIR


I. Le soir vient, comme une eau morte qui se lève.

Comme une ombre très chère apparaît au fond d’un rêve, vêtue de gris, et le doigt sur tes lèvres muettes,

Ou comme le vouvenir, un instant écjtli, se redreuc, le souvenir d’un amer, d’un inévitable souci.

M. Voici venir l’Hôte, qui s’avance sans bruit.

Pareil au regard fluide de la tristesse, il coule sur la terre, et baigne tout ce qui vit de sa larme obscure, —

Là se meut en dormant, le regret du voyage et la douceur du port, dans un insondable mystère.

III. L’heure est venue de la Visitation du soir : Va au-devant, mon âme..

En lui reconnais-toi, — reconnaissez vous tous deux. .

IV. A cette mort, offre ta vie,

Rends ta journée, qui se tourmente, à cette ombre qui te porte ta propre nuit..

La calme obscurité est un fleuve muet, qui, des berges du silence où il dort, cherche à gagner ton cœur

Penche toi sur les bords, —

Plus près, ô mon âme, plus près encore : il faut à fin que tu t’y mires mieux, il faut qu’en ce miroir tu tombes.

Admire, maintenant que tes yeux sont ouverts sur toi-même,