Page:Suarès - Les bourdons sont en fleur.djvu/26

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comptez pas, ma sœur, je vous en prie . Avec enjoué^ ment . Sans trop d'orgueil , qui peut répondre de demain?

CL CLAIRE. Lorsque la dernière fois , vous revîn- tes de Rome , à peine s'il vous restait le souffle . CL FRANÇOIS, gaiement. Vous croyez ? Lais- sez faire à Jésus . Laissez-lui le soin de la vie qu'il m'a prêtée . Elle est entre ses mains , et vous vous inquiétez ? Allez , je ne veux pas être ingrat envers cette bonté unique . je ne veux pas penser pour lui , qui pense à moi . Tel le paysan , contemplant sa terre , les mains derrière le dos , debout parmi les labours , et pareil à un vieux chêne au milieu du champ , rien ne lui échappe : le Sauveur me regarde et me voit sous les feuilles du ravin ; je suis la fourmi du Seigneur . Que je sois toujours , ô mon divin Seigneur , entre vos doigts ! Claire garde le silence. Puis elle se signe.

CL FRANÇOIS, reprenant . Que ma vie soit de- vant vous , maître du champ , ô mon Sauveur , comme les jeunes sauges aux trois couleurs si humbles et si tendres , quand elles trempent dans l'eau , à la lumière du matin ! CL CLAIRE, humble et triste. Que ferai-je, mon

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