Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/107

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Murmures de la mer


Je t’appelle ma Douleur, toi qui étais ma joie. Et toi, en qui j’étais sûr de toujours trouver toute compassion, je t’appelle ma très Chère Pitié.

D’autres douleurs, je les ai connues, que j’estimais les plus grandes. Mais toutes ne furent que du présent, et par là promises au repos : car le sommeil suit la journée la plus rude. Ta douleur est la douleur de tous les temps. Tout est passé pour moi, et l’avenir même. Je ne compatis plus à moi, mais uniquement à ton destin.