Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/108

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Je cherche sur la mer Celui qui y a vécu, et qui est tombé sur le bord. La terre manque sous mes pas. Tout ce que je tenais pour bon, jusqu’ici, me fait mal : la peine au fond de tout ce que je désire ; et plus vive encore, si je l’obtiens. Quel sentiment est-ce là ?


La maladie du profond chagrin, l'extrême ennui qui considère le néant : sur les ruines de l’illusion, je pleure le plus beau des cadavres. Amour anéanti. Y eût-il quelque réalité au rêve du monde, que m’importe ? — Je ne sais plus ce que c’est, un monde où mon amour n’est pas, où ma Chère Pitié n’a pas obtenu sa grâce.


Il n’est qu’un seul bonheur : de ne pas être né.