Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La rose du néant


Plus rouge que le jeune sang, la rose de la pitié fleurit ce tertre. Comme la bouche d’un saint virginal a poussé un lis, la rose monte du cœur ardent de celui qu’on a couché, ici, dans cette terre. Je viens la respirer, haleine de tendresse, souffle de peine et d’amour. Et je la vivifie de la cueillir.

La douleur, maternelle institutrice de la pitié, me parle à l’oreille. Ha, je n’avais pas besoin de ces leçons. Si humble fût-elle, je n’ai point connu de vie sans l’ai-