Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/111

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mer, et sans la plaindre. Plus d’une fois, voyant dans la forêt un bel arbre rompu par la foudre, ou une fleur brisée, foulée sur le sol, j’ai eu les yeux pleins de larmes. Ma tendresse a suivi, de tout temps, les marins dans leurs aventures mortelles. Celui, dont la rose fleurit sur ce tertre, a consolé la fin de plus d’un, outre mer. Avec lui, j’ai été voir ceux qui restent, quand il fallait leur dire : « Bonnes gens, votre fils ou votre frère n’a pas fermé les yeux sous une main étrangère… » La maladie semblait moins mortelle, l’accident moins terrible, la catastrophe moins soudaine qui laissait une place à l’adieu. Combien de fois celui, dont je cherche ici le parfum innocent, m’a conté, au retour de ses campagnes, la mort lointaine des marins ? Avec une terreur vraiment fraternelle, hélas, j’écou-