Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/122

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-il pas demandé d’y mettre un peu de relâche ?

Lui. — Je ne puis rien sur ma douleur. Elle est une maladie, où la volonté n’a point de part. Si je veux guérir, il ne dépend pas de moi que je guérisse.

Moi. — Ne serez-vous jamais consolé ?

Lui. — Je ne puis l’être, sinon par Lui.

Ah ! s’il m’était donné de l’entendre me dire : « Console-toi », obéissant à sa voix, je sourirais à ma torture.

Moi. — Quel prix vous lui donnez : vous avez aussi le vôtre.

Lui. — Le prix qu’il me trouvait, est le seul que je me trouve : Il m’aimait. Vous ne savez pas ce que c’est d’avoir perdu sa raison d’être. Je n’avais que lui seul. Il ne me reste rien.

Moi. — Si l’amour fait la vie, l’amour