Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/134

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Je tremble aussi, et je suis mouillé de la même sueur. Je suis la sciure de bois où tes os sont couchés.

Je balbutie, pour défendre ta chair. Comme elle je frémis sous la pluie d’outrage, le flegme et les humeurs du néant.

Pour moi mon Amour serait mort avec joie, je le sais. C’est pourquoi je ne me pardonne pas de vivre. Sous la fétide loi de la mort, nous sommes tombés ensemble, ô très chère victime.

Je n’augure plus rien de ce qui me reste. Je ne me retrouve que dans les larmes. En toutes choses, j’ai épousé la Piété : la Piété, le visage souffrant de la Tendresse.

À l’horizon de toutes les pensées, quelque brume que j’y fasse, quelque rideau de pluie qu’y tende l’action, toujours le soleil mutilé de l’amour descend : dans un torrent de cris ton front ensan-