Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Connaissance de la mort


Sur la terre, je me couche donc contre toi.

Je te parle, et j’écoute si tu ne vas pas me répondre. Ainsi, tu es là, mon doux Frère… Je mords cette terre, pour y croire. Comme toi, elle m’étouffe ; elle m’emplit la bouche sans y arrêter le cri de l’âme qui s’épouvante : « Non ! Je doute ! Je ne puis croire cela. »

J’écoute. Ici, l’horreur se fait pitié et la pitié horreur. Ce que je vois, je ne veux pas le dire. C’est toi, pauvre être, et ce n’est pas toi. L’effroi de ma chair cherche