Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/15

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inconnus. Qui n’est point déchiré dans son cœur ? Jamais la vie humaine ne fut d’un si haut prix, et jamais on n’en fut si prodigue.

Ceux qui meurent aujourd’hui n’ont pas vécu en vain. Ils tombent dans une éblouissante certitude. Ils ne s’effacent en eux-mêmes que pour revivre au corps de la France éternelle ; ils ne quittent leur vêtement de chair que pour s’incarner à une immortelle vie. Ils sont tranchés dans leurs jours d’été pour reverdir tout entiers dans leur racine d’immortalité. Certes, je le sais. Mais on consent plus aisément un sublime sacrifice, qu’on ne peut se défendre