Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/162

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trée a-t-elle vu le soleil, en d’autres temps ? Plus de soleil ; c’en est fait ; plus de lumière. L’immense nappe de l’espace tombe en crépuscule humide. La pluie, la triste pluie sur la vie écrasée. Et comme les souvenirs, dans les arbres dépouillés, la brume flotte. Un brouillard lourd de larmes qui fume. Un brouillard de nullité.


Ce n’est pas le temps que tu aimais, mon ami chéri. Tu te plaisais au soleil ; tu allais aux fleurs dans la clarté matinale. Comme le bateau de guerre, noir sur la mer bleue, ta force avait la joie sérieuse, et tu souriais au jour. Tu souriais… Il y a donc eu un matin d’avril ? Toute saison t’était bonne, bon à toutes. Du moins, ton cœur se réjouissait aussi de la fine lumière de l’automne, à Paris, quand l’air déjà