Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/163

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froid se réchauffe au feu des somptueuses avenues, et que la vie brille plus éclatante dans la fée des villes.


Cette pluie, cette pluie, cette éternelle pluie… C’était le temps que je cherchais, quand je me sentais encore attaché à moi-même. Tu avais le soleil, et tu m’en donnais. Épris de la fée, tu te promenais dans la ville ; ton pas léger et fort te portait, avec les espoirs de l’amour et du règne. Tu tenais la tête haute, humant l’esprit du peuple gai, et pêchant des yeux toutes celles des pensées errantes, qui font à la vie une belle promesse ou un salut de bonté.

Et moi, sachant que ma lumière brillait, j’aimais l’ombre et le grand silence, où la foule ne pénètre pas et où l’on suit mieux ses rêves face à face. C’était le