Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

craindre, et qui pourtant doit vivre, depuis, dans une anxiété mortelle. L’inquiétude a la durée de l’absence.


Que ce Japon est beau… Que la vie est belle… Jean Talbot repose ses yeux sur la colline. Les arbres, ici, se sentent aimés : ils font fête aux regards. Les cryptomères noirs portent le ciel comme une tente d’azur. Les cerfs-volants y font des fleurs qui se balancent ; et si l’air est un autre océan, ils en sont les étoiles et les méduses. Les maisons en bambou frêle, les toitures de tuiles noires bordées de blanc, les murs en feuilles blanches de paravent, le soleil vermeil et la mer de cobalt splendide, dans sa nonchalance cruelle : quel paradis étrange, éclatant et puéril… Une fumée spirale monte dans le ciel et se dissout en flocons jaunes :