Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/180

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davantage !… Le temps est long. Le médecin ne veut pas entendre parler de mon départ… » — Le fifre aigu crie au loin, comme un oiseau siffleur qui se plaint. C’est l’aveugle qui passe dans la venelle, avec l’enfant.

« Quand le reverrai-je ? — Dire que j’aurais pu ne pas le revoir… Et lui, alors ? » — Tout son cœur s’élance là-bas, là-bas, sur l’autre bord de la terre, où François Talbot l’attend, et où il veille. Il voit son frère ; il se l’imagine recevant une annonce mortelle ; l’idée de ce désespoir l’émeut dans les profondeurs de l’âme, là où la tendresse porte les racines de la vie, comme la terre au fond d’un lac nourrit une fleur d’eau… Le fifre n’est plus qu’une note fine, comme le cri du pic au plus loin d’un bois…

« Le vieillard est au bas de la colline…