Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/183

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bord du fossé… Je suis fort, je m’en tire toujours… Cher François, cher ami… Je n’y dois pas penser. Il vit pour moi ; je dois vivre pour lui. La vie est si belle !… J’ai été bien près de la fin. » — Il sourit avec une douce joie. « S’il le savait… Que fait-il, maintenant ? Là-bas, c’est la nuit, une heure du matin ou deux. Il se couche, peut-être ; il pense peut-être à moi ; il me cherche, comme je le cherche… »


Une cornette paraît alors ; une femme vient sur la terrasse ; sa figure calme, d’un sourire léger, promet plus que la paix : elle a des lettres à la main.

Des lettres ! Jean Talbot pâlit ; il se soulève sur sa couche, comme s’il ne sentait pas le cri de ses membres. Le buste en avant, il tend le bras, il ouvre les doigts, pareil à un enfant avide. La reli-