Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/211

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mis du désespoir me rampent sur le dos. Ha, si j’avais les larmes.

Je regarde une idée, dont la vue est insoutenable. Elle brûle l’intelligence. Une main implacable, aux doigts plus durs que tenailles d’acier, me penche sur cette idée. Elle me tient par la peau du cou, comme un chat ; elle enfonce ses ongles dans ma nuque, jusqu’à la gorge. Cette pensée n’est pas supportable, et je ne peux m’en détacher. C’est elle qui brûle mes larmes. Ha, si je pouvais pleurer.


En vain, j’ai fermé les yeux. Je vois un spectacle épouvantable sous la terre. De tout temps il m’a fait frémir. Mais, que ferai-je, maintenant, qu’il m’est donné par ce que j’aimais le plus au monde ? — Lui ? c’est Lui… Il en est la victime ; et