Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/228

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Avant de s’éteindre, le soleil rougit la terre. La route est d’or. Ma maison est d’or. Là, mon père est mort. Dieu l’ait reçu dans la profonde paix de sa présence et de sa gloire ! Quoi, enfant ? Pourquoi cries-tu ? De quoi as-tu peur ?

L’enfant. — Maître, maître, un homme est couché sur le ventre, là, tout de son long, dans la poussière.

Le Samaritain. — En sang… la tête sur les bras… Le trésor d’une vie semé sans pitié, jeté sur le chemin.

L’enfant. — On l’a assassiné. Maître, je cours à la maison, et je reviens.

Le Samaritain. — Non, reste. Je l’y mènerai moi-même. Je le prendrai entre mes bras, et le coucherai sur le cheval. Tu vas m’aider, Gab. Prends les rênes, enfant ; garde le cheval qui s’effraie. Je descends.