Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/241

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sans me voir ! Comme le soir de la Saint-Jean, les bûchers sur la colline élèvent le rire du feu jusqu’au ciel nocturne, et lui annoncent, après la nuit la plus courte, le prochain retour du soleil, c’est la bonté qui faisait tant de lumière dans ces prunelles ; il y brillait la promesse d’une victoire dans la joie ; à moi seul, faut-il qu’ils n’annoncent plus rien ? Et si ce n’est plus la vie, que me promettent-ils ?

Bon comme l’enfant ne l’est pas, n’ayant point la force de ne pas l’être. Et fort comme l’homme qui veut, et dont l’acte suit l’acte… La flamme est éteinte de ce feu qu’on ne ranime pas. La noble et douce main ne tient plus, par le poignet, la vie qu’elle maîtrise. Les liens de la pesanteur et de l’étouffement ont roidi la souple jeunesse de l’être libre, le beau