Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/242

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muscle bandé de force, pour lancer la flèche de l’action.

C’est Lui, pourtant, voici deux mois, qu’ils m’ont pris, comme des voleurs honteux, un matin d’automne, au jour louche de l’aube. Lui, qu’ils n’eussent, la veille, jamais osé toucher seulement du doigt, c’est lui qu’ils ont saisi dormant d’un sommeil terrible. Ils n’ont pas eu peur de le troubler. Ils l’ont pris sous les bras ; et il s’est laissé faire. C’est lui qu’ils ont porté sur la voiture où l’on nous couche, le lit public où l’on doit aller en tête d’une foule, qu’on ne peut empêcher de nous suivre. Et c’est lui qu’ils ont…


Je rêve.

Je rêve. J’étais là ; et j’ai vu. Je rêve… ou rêvai-je alors ?… Je sais, et je ne sais pas.