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L’Espace


À larges mains, la nuit d’hiver répand le profond silence. Semailles d’oubli et de sommeil, pour la campagne muette. Seule dans le ciel, tête de glace, règne l’ensorcelante lune ; la face neigeuse de la terre lui renvoie le froid et la clarté. Un calme solennel, un tombeau pour le temps.

Je veille, comme si j’attendais celui qui ne viendra plus. Par une telle nuit, voici trois mois, il rentrait de la Ville. Comme alors ce soir il se fût hâté, montant d’un pied