Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/66

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Le vent dans les feuilles


Les feuilles tombent, comme des mots restés sans réponse qu’un aveugle, laissé seul, dit à voix basse dans sa chambre de malade. Les feuilles, qui pendent encore aux branches, ne tiennent plus qu’à un fil. Le vent de la pluie les fait frémir ; il passe, et elles tombent. À peine s’il les détache ; il les touche sans violence ; il souffle sur leurs rides d’or et fait avec elles le babil de la mer sur le sable. Et elles tombent.

Sous les feuilles que décolle la douceur