Page:Suarès - Tolstoï.djvu/20

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Il faut craindre les fidèles d’un jour. Ceux qui sont aisés à gagner sont aisés à perdre. Que chacun se gagne, et s’obtienne de soi. Jésus-Christ demande beaucoup. C’est qu’il promet tout, et le donne : Voilà comme pense Tolstoï.

Les mots, et même les élans non durables du cœur, ne sont point assez pour entrer dans le Royaume de Dieu. Et, il est dès ici, selon que l’a dit Jésus et que Tolstoï le montre. Le véritable amour est la fleur la plus rare de l’âme. Il la faut labourer longtemps, pour que la semence prenne et que la tige croisse. Comme François d’Assise se fiance à Pauvreté, sa Dame, Tolstoï s’est uni à Humanité, la triste délaissée de tous les hommes. Et il a recueilli cette veuve pleine de larmes, pour l’amour de Dieu.

S’il interprète bien ou mal l’Évangile, nul ne peut le dire : car l’Évangile recommande le premier de s’inspirer de l’esprit, et de ne point se dessécher sur la lettre. Que Tolstoï en ait la pensée, il suffit bien de cet amour infini qu’il y puise, pour s’en convaincre, et des conséquences qu’il en tire pour la vie. C’est la grâce de l’Évangile, que la perfection du sentiment y est toute simple. Les passions, par