Page:Suarès - Tolstoï.djvu/47

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khow prend part à la guerre de 1812, et la voit de ces yeux, qui ont suivi le siège de Sébastopol, avec une attention si profonde. Expérience décisive : la mort, le sang versé, les blessures, les ambulances, la pourriture d’hôpital ont effacé, dans cet esprit en quête de vérité, toute créance à l’héroïsme. En ce temps-là, Tolstoï avait 30 ans ; et il quitta l’armée. — Il peint, dans Bésoukhow, son personnage au milieu de ces scènes terribles, comment et sous quelle forme il en est sorti. Bésoukhow s’éveille à la conscience, parmi les maux de la guerre et les souffrances du peuple. Il cherche sa voie morale ; et, presque à son insu, il ne rentre en lui-même, et dans l’homme, qu’en dépouillant le grand seigneur. L’homme d’emprunt, comme on le fabrique à Pétersbourg, laisse paraître le Moscovite. Ce bon géant vainement a forcé sa nature ; il se redresse : on a eu beau courber l’arbre, on ne l’a pas mutilé, et il tient à ses racines. Bésoukhow paraît aussitôt ce que le monde ne croyait pas qu’il fût : d’intelligence vaste ; d’une force et d’une pureté de cœur incorruptibles ; d’une candide bonté, qui ne craint pas de verser dans la faiblesse. Il ne lui manque que la volonté ; et une doctrine