Page:Suarès - Tolstoï.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mais Rome conquise est pourrie. Dans cette Rome corrompue, voici que l’on s’assassine beaucoup plus que dans la Rome sanguinaire. Supposé que la corruption et la paix de parti pris n’aillent point ensemble, — l’amour invétéré du repos et la faiblesse ne se séparent point. Et, selon mon goût, qui dit faiblesse dit impureté : elle n’est pas déclarée, mais elle est près de l’être. Rien n’est pur que ce qui résiste, et ne craint pas la lutte. Rien n’est mieux armé pour la vie, que ce qui ne redoute pas de la perdre, et brave la mort. Pour un saint qui s’humilie, il y a un nombre infini d’âmes lâches et serviles, qui s’endorment dans l’humiliation comme dans un lit de plumes. Tirez la couverture, et le drap de la mort sur ces corps inertes.

S’il fallait un exemple, on l’aurait dans l’Espagne. Ce pays n’est plus en état de faire la guerre ; et Tolstoï l’en louera. Mais il l’est encore moins de rien faire, — et non pas même des enfants. Ce peuple s’est cloîtré. Sa paresse est son cloître. Et déjà, bien qu’elle se cache, s’avance la mort, qui est le prieur.

La guerre est bien une violence. Mais la vio-