Page:Suarès Péguy.djvu/16

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À l’abri d’un talus, contre la route de Charny, Péguy et ses hommes font feu sous la mitraille. Mais il faut quitter la tranchée du chemin creux. Et Péguy s’élance. Il crie en avant ! Il montre le lieu de leur commune gloire et de leur sacrifice, la place qu’il faut payer de son sang, et où il va mourir. Ils courent sous la pluie des balles. Ils sont noirs de poussière et de poudre. Ils ont déjà la terre sur le front et dans la bouche. Les yeux vivent seuls, d’une immortelle vie. La fureur les anime contre leurs assassins : cet ennemi, ce peuple, ces Allemands ne sont que des assassins ; et ils seront des assassins tant qu’ils tiendront un pied de ce sol, tant qu’il ne les aura pas engloutis.

En avant ! en avant ! Il s’enroue à crier.