Page:Suarès Péguy.djvu/27

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Personne mieux que lui n’a pratiqué la pauvreté, et n’en a mieux parlé. Il l’a honorée. Il ne l’a pas vantée. Il l’a distinguée avec soin du blême dénûment, et il s’est penché sur la misère. Il l’a considérée avec une sévère pitié. Il n’en a pas fait un exercice d’éloquence, ni un texte de rébellion. Il ne pensait pas non plus qu’on dût s’y résigner, et nourrir les pauvres d’homélies. Il est rare qu’on pèse exactement la pauvreté. Péguy ne l’a ni maudite ni bénie. Il en a souffert, et plus d’une fois, il l’a sanctifiée. C’est la loi du vrai pauvre, du pauvre grand et bon. Quand le pauvre ne sanctifie pas la pauvreté, elle le dégrade. La pauvreté est une compagne ardente et redoutable ; elle est la plus vieille noblesse du monde. Bien peu