Page:Suarès Péguy.djvu/35

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glui plutôt, comme la paille de seigle, tantôt brune, tantôt grise. Cette espèce de barbe est celle des chemineaux. Elle a les reflets de la route.

Les yeux de Péguy démentaient toute méchanceté, même dans la violence. Il avait assez de bonté pour ne pas prétendre à être bon ; mais avec ces yeux-là, il aurait pu faire du mal sans cesser d’être brave homme. Doucement bruns et marrons, souvent éteints, la prunelle lasse ; parfois lumineux, jamais étincelants, ils disaient une vie plus longue que les années, beaucoup de recueillement, beaucoup de souci. Leur propre lueur était celle de l’espérance. Ils avaient aussi la douce malice et la raillerie qui l’est moins ; de loin en loin, la complaisance et même