Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/10

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certaines circonstances d’être instruit des véritables détails de cette tragédie, qui sort à la fois d’exposition et de dénoûment au livre que voici.

Le personnage d’Arthur n’est donc pas une fiction…, son caractère, une invention d’écrivain ; les principaux événements de sa vie sont racontés naïvement ; presque tontes les particularités en sont vraies.

Attiré vers lui par un attrait aussi inexplicable qu’irrésistible, mais souvent forcé de l’abandonner, tantôt avec une sorte d’horreur, tantôt avec un sentiment de pitié douloureuse, j’ai long-temps connu, quelquefois consolé, mais toujours profondément plaint, cet homme singulier et malheureux.

Si, afin de rassembler ces souvenirs d’hier, et presque stéréotypes dans ma mémoire, j’ai choisi ce cadre : — Journal d’un inconnu, — c’est que j’ai cru que ce mode d’affirmation pour ainsi dire personnelle donnerait encore plus d’autorité, d’individualité au caractère neuf et bizarre d’Arthur, dont ces pages sont le plus intime, le plus fidèle reflet.

En effet, une puissante rare, l’attraction; — un penchant peu vulgaire, la défiance de soi, — servent de double pivot à cette nature excentrique, qui emprunte toute son originalité de la combinaison étroite, et pourtant anormale, de ces deux contrastes.

En d’autres termes : — qu’un homme doué d’un très-grand attrait soit sinon présomptueux, du moins confiant en lui, rien de plus simple ; — qu’un