Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/100

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je trouvais Hélène et sa mère qui m’attendaient ; nous causions de mon père, et ma tante m’engageait à surmonter la répugnance que j’avais à m’occuper de mes affaires ; mais ces détails me rappelaient trop cruellement les entretiens que j’avais eus avec mon père à ce sujet : je ne pus m’y résoudre encore, et je chargeai mon précepteur de ces soins.

Trois mois après, mes angoisses avaient beaucoup perdu de leur amertume ; je commençai pour ainsi dire à me reconnaître et à regarder autour de moi ; mes idées devinrent plus nettes, plus arrêtées sur la manière dont je devais user de ma liberté. Cette liberté m’inquiétait encore, mais ne m’épouvantait plus.

La direction de la pensée n’échappe pas toujours aux influences extérieures et purement physiques ; je l’éprouvai alors. Le printemps approchait, et on eût dit qu’avec le noir hiver devait passer la première âcreté de ma douleur, et que mes vagues projets, mes douces espérances d’avenir, devaient naître avec la riante feuillaison de mai.

Nous étions vers le milieu d’avril ; depuis la mort de mon père, je n’avais pu me résoudre à aller au cimetière du village, où s’élevait le