Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/99

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pensées enfin ne doivent-elles pas déchirer l’âme ? aussi je maudissais, mais en vain, mon ingratitude.

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C’était pendant le mois de janvier, car j’avais passé l’hiver à Serval avec ma tante et Hélène. Tous les matins je montais à cheval, et j’allais me promener dans la forêt pendant trois ou quatre heures ; ce temps gris, sombre et brumeux me plaisait ; ces immenses allées, couvertes de neige ou semées de feuilles mortes que le vent enlevait en tourbillons rapides, avaient un aspect triste qui cadrait avec mes pensées. Laissant flotter les rênes sur le cou de mon cheval, j’allais ainsi machinalement, songeant à peine à l’avenir, à la direction que je voulais suivre, ne faisant aucun projet, car j’étais encore trop étourdi de la position où je me trouvais. J’avais si longtemps vécu sous l’entière dépendance de mon père, n’ayant de volonté que la sienne, de projets que les siens ; en voyage même, cette volonté, représentée par celle de mon précepteur, m’avait toujours si incessamment suivi, que l’absolue et entière liberté où je me trouvais, m’accablait, je le répète, et m’effrayait à la fois.

Après mes longues promenades, je rentrais,