Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/112

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partout gazonnée. Tant que mademoiselle de Verteuil restait avec nous, j’étais gai, causant, et Hélène, toujours rêveuse, semblait néanmoins s’animer un peu ; mais dès que Sophie nous abandonnait, nous tombions dans d’interminables silences dont j’avais bien honte, et qui pourtant me semblaient délicieux.

Depuis quelque temps j’avais écrit à Londres à un de mes amis de m’envoyer des chevaux choisis, quelques gens d’attelage et plusieurs voitures, mon deuil étant près de finir.

L’arrivée de ces équipages fit une sorte de petite fête à Serval : je l’avais tenue secrète, et je me souviens de la joie enfantine et naïve d’Hélène, lorsqu’un beau soir d’août, ayant désiré se promener dans la forêt, au lieu de voir arriver devant le perron une de nos voitures ordinaires, elle vit une charmante calèche à quatre chevaux noirs, menée en d’Aumont par deux petits postillons anglais, vêtus de vestes de stof gris perlé.

Elle y monta avec sa mère et son amie. Je les accompagnai à cheval dans cette magnifique forêt, et nous revînmes au pas au château par un beau clair de lune, qui rayonnait de la manière la plus pittoresque dans les sombres et immenses allées de nos grands bois.