Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/13

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qu’on lui suppose ou qu’on lui reproche ; — que dans ses ouvrages sérieux ou frivoles, qu’il s’agisse d’histoire, de comédie ou de romans, il n’a jamais voulu former de système ; — qu’il a toujours écrit enfin selon ce qu’il a ressenti, — ce qu’il a vu, — ce qu’il a lu, — sans vouloir imposer sa foi à personne.

Seulement, ce qui autrefois avait été pour lui plutôt la prévision de l’instinct que le résultat de l’expérience, a pris à ses yeux l’impérieuse autorité d’un fait.

Que si, enfin, il semble renoncer non pas à sa triste croyance, mais à signaler, même dans ses propres ouvrages, les observations ou les preuves irrécusables qu’il pourrait citer à l’appui de sa conviction, c’est qu’à cette heure, plus avancé dans la vie, il sait qu’une intelligence ordinaire suffit pour faire triompher une erreur…, mais que le saint privilège de consacrer, d’accréditer les vérités éternelles, est réservé au génie ou à la Divinité…

En un mot, ne voulant pas hasarder ici un rapprochement facile et sacrilège entre la vie sublime et la mort infamante du divin Sauveur (véritable symbole de sa pensée), il reconnaît humblement que Galilée seul pouvait dire du fond de son cachot : E pur si muove !

Eugène Sue.

Chatenay, 13 octobre 1838.