Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/136

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Et, avide, j’épiais ces traits immobiles… car, je le répète, dans ce moment d’hallucination, il me semblait qu’ils auraient dû faire un signe d’adhésion.

Mais le front blanc et ridé ne sourcilla pas ; puis il me sembla entendre au fond des replis les plus cachés de mon cœur la voix brève de mon père qui me répondait : « Vous m’aimiez aussi du plus profond amour ; j’ai fait pour vous plus qu’Hélène, je vous ai donné la vie et la fortune… Et c’est au milieu des jouissances de cette fortune que vous m’avez oublié ! Pauvre enfant ! »

Épouvanté, je continuai : « Mais Hélène m’aime profondément, n’est-ce pas, mon père ? »

Et regardant la figure toujours immobile dont le silence me faisait peur, je reprenais avec angoisse : « Mais elle ne m’aime donc pas, ou bien je me trompe sur le sentiment que je crois éprouver pour elle, puisque vous me regardez ainsi, ô mon père ! »

Ne vous ai-je pas dit de vous défier des adorations que vous susciterait votre fortune et de sonder profondément les apparences ?

« Mais, Dieu du ciel ! quelle arrière-pensée peut-elle avoir ? Elle, jeune fille si noble et si candide ? elle qui vous aimait comme un père,