Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/150

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loin des distractions de votre âge, sans amis, presque tous les jours occupé d’études sérieuses, et presque privé des distractions et des plaisirs de votre âge. La première impression que j’éprouvai, en songeant à vous, fut donc de vous croire malheureux, et de vous plaindre… car je jugeais de ce qui devait vous manquer par ce que je possédais : j’avais des compagnes que j’aimais ; ma mère, toujours bonne et tendre, allait au-devant de mes joies enfantines. Enfin, sans savoir pourquoi, j’avais quelquefois honte de me trouver si heureuse tandis que vous meniez une vie qui me paraissait si malheureuse et si isolée ; c’est de là, je crois, que naquit chez moi une espèce d’éloignement pour les jeux de mon enfance ; je me les reprochais, parce que je vous en savais privé ; en un mot, je vous le répète, Arthur, c’est parce que vous me sembliez très à plaindre qu’enfant je m’intéressais autant à vous. Plus tard, quand vous partîtes pour vos premiers voyages, ce furent vos dangers que je m’exagérais sans doute, qui, me faisant trembler pour vous, redoublèrent mon affection… Ce fut alors, comme Sophie vous l’a dit, qu’au couvent j’avais l’enfantillage de fêter votre fête, et que chaque jour je priais Dieu pour votre sûreté… Plus