fant, bien qu’elle ne put deviner les misérables allusions dont je flétrissais son pur et noble amour.
Maintenant que je réfléchis de sang-froid à cette scène, j’ai peur de songer à ce que devait souffrir Hélène en m’entendant ainsi lui parler pour la première fois ; je la vois encore pâle, tremblante de froid et d’inquiétude au milieu de ce pavillon meublé de bois rustique dont les fenêtres ouvertes laissaient voir un brouillard épais ; je rougis de honte en songeant que c’était pour ainsi dire devant un ennemi prévenu, défiant et décidé à tout interpréter méchamment, qu’elle allait, au milieu des larmes, me dévoiler ses tendres et chastes pensées qui précèdent l’aveu ; ces trésors ignorés de l’amant qui lui révèlent des joies, des terreurs, des angoisses qu’il ne soupçonne pas, et qu’il a pourtant causées.
Enfin, Hélène, surmontant son agitation, me dit : — « Arthur, je ne conçois rien à ce qui se passe en vous ; vous voulez que je vous dise, comment je vous ai aimé, — ajouta-t-elle les yeux baignés de larmes… — cela est bien simple… Mon Dieu ! étant enfant, j’entendais ma mère sans cesse parler de vous, de la solitude dans laquelle votre père vous faisait vivre,