Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/171

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Cette lettre, que j’ai toujours conservée depuis, la voici.

Huit ans se sont écoulés ; j’ai passe par des émotions bien diverses et bien saisissantes ; mais j’éprouve encore un sentiment douloureux, une sorte d’ardeur vindicative, en lisant ces lignes si empreintes d’un incurable et écrasant mépris :

« Après les bruits calomnieux qui avaient entaché ma réputation, et que vous aviez provoqués par la légèreté de votre conduite envers moi, il me fallait une réparation publique, éclatante : je l’ai obtenue… je suis satisfaite. En me voyant renoncer de mon propre gré à cette union aussi avantageuse pour moi sous le rapport de la fortune, le monde croira sans peine que ce mariage n’était pas nécessaire à ma réhabilitation, puisque je l’ai hautement repoussé.

« Vous avez été bien aveugle, bien présomptueux ou bien étranger aux généreux ressentiments, puisque vous avez pu croire un instant que je ne vous ai pas à tout jamais et profondément méprise, du moment où vous m’êtes apparu sous un jour aussi sordide, du moment où vous m’avez dit, à moi…