Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/180

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grâce et d’éclat. M. de Cernay ne se refusait rien, son luxe était extrême ; mais il comptait lui-même très-exactement avec ses gens, était inexorable pour toute dépense qui ne rapportait pas au moins un intérêt d’évidence, spéculait à propos, ne se faisait aucun scrupule d’assigner ses fermiers en retard, et rédigeait ses baux lui-même ; car (faut-il avouer cette énormité !) il avait fait dans le plus profond mystère une manière de cours de droit sous la direction d’un ancien procureur. Mais on doit dire qu’au dehors cette expérience procédurière ne se trahissait en rien chez le comte ; ses manières étaient parfaites, de très-bonne et ancienne noblesse ; il demeurait aussi grand seigneur qu’on peut l’être de notre temps ; enfin son esprit d’ordre dans le superflu, et d’économie dans le luxe, n’eût peut-être été absolument perceptible qu’aux gens qui auraient pu lui demander quelque service, et ceux-là sont toujours les derniers à parler des refus qu’on leur fait.

Rien d’ailleurs de plus sage, de plus louable, que cette manière de vivre d’une prudence si prévoyante et si arrêtée. J’insiste dans mon souvenir sur cette particularité très-significative, parce qu’elle devait être une conséquence