Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/184

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mieux, dis-je, d’avoir aussi une bourse de cœur qu’il ne dépassait pas d’une obole, et qu’il mettait annuellement aux pieds d’une des beautés les plus en vogue d’un des trois grands théâtres.

J’avais envoyé ma carte et les lettres de notre ami commun chez M. de Cernay. — Le surlendemain il vint me voir et ne me trouva pas ; quelques jours après, j’allai chez lui un matin. — Il habitait seul une fort jolie maison qui me parut le triomphe du confortable joint à une élégante simplicité.

Son valet de chambre me pria d’attendre un instant dans un salon où je remarquai quelques beaux tableaux de chasse par Géricault.

Cinq minutes après mon arrivée, M. de Cernay entra. — Il était grand, svelte, élégant ; avait une ligure des plus agréables et les manières de la meilleure compagnie.

Le comte m’accueillit à ravir, me parla beaucoup de notre ami commun, et se mit à mes ordres avec la plus aimable obligeance.

Je m’aperçus qu’il m’observait. J’arrivais de province, mais j’avais beaucoup voyagé, et j’étais resté longtemps en Angleterre ; aussi ne savait-il pas sans doute s’il devait me traiter en provincial ou en homme déjà du monde.