Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/185

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Pourtant, je crois que ce qui l’engagea à me considérer décidément sous ce dernier aspect, fut le léger dépit qu’il me sembla éprouver de ne pas me voir plus sous le charme de sa renommée de grande élégance. Envié, imité, flatté, il trouvait peut-être ma politesse trop aisée et pas assez étonnée.

Or, je l’avoue, cette nuance imperceptible, ce léger dépit de M. de Cernay me fit sourire.

Il me proposa de prendre une tasse de thé avec lui, deux de ses amis et un renégat italien au service de Méhémet-Ali, homme d’une grande bravoure et qui avait eu les aventures les plus romanesques, ayant été, — me dit le comte sans s’expliquer davantage, — obligé d’assassiner deux ou trois femmes et autant d’hommes pour sortir d’une position délicate.

Je ne m’étonnai que médiocrement de cette singulière compagnie, car on m’avait déjà dit que M. de Cernay était fort curieux de lions de toute espèce ; et dès qu’il arrivait à Paris un Arabe, un Persan, un Indien, un étranger de quelque distinction, M. de Cernay se le faisait aussitôt présenter. Était-ce pour attirer encore davantage l’attention par ces voyants et étranges acolytes ? était-ce pour que son renom d’homme à la mode parvint même au delà des