Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/190

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livrées galonnées, avaient l’air de suisses d’église : qu’on juge du ridicule de tout cet affreux et éblouissant gala, pour venir déjeuner chez un homme le matin ?

Bientôt, M. du Pluvier entra bruyamment. — C’était un petit homme gros, ragot, bouffi, trapu, rouge comme une cerise, blond, et quoiqu’à peine âgé de vingt-cinq ans, déjà très-chauve, l’œil vert et stupide, parlant haut, avec un accent très-normand, vêtu avec la prétention et l’éclat le plus ridicule, portant des bijoux, un gilet de velours brodé d’argent ; que sais-je encore ?

M. de Cernay nous présenta l’un à l’autre, et, lorsqu’il m’eut nommé, M. du Pluvier s’écria cavalièrement : « Ah ! parbleu ! je vous ai vu quelque part. »

Cette impolitesse me choqua, et je lui répondis que je ne croyais pas avoir eu ce plaisir-là, car certes je ne l’aurais pas oublié.

Quelques minutes après, on annonça lord Falmouth.

Il était venu à pied et était vêtu avec la plus extrême simplicité. Je n’oublierai de ma vie l’impression singulière que me fit ce visage pâle, régulier, blanc et impassible comme du marbre, et pour ainsi dire illuminé par deux