Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/217

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Pënâfiel, jusque-là si nonchalante, suivre arec une sorte d’inquiétude les mouvements du renégat.

Tout à coup le cheval de ce dernier se dressa si brusquement sur ses jarrets qu’il faillit à ne pouvoir s’y soutenir et à se renverser.

Aussitôt madame de Pënâfiel se rejeta dans le fond de sa voiture en mettant sa main sur ses yeux.

Pourtant comme le cheval d’Ismaël ne se renversa pas, les traits de madame de Pënâfiel, un instant émus par la crainte, se rassérénèrent, et elle tomba dans son insouciance apparente.

Cette scène ne dura pas cinq minutes, et pourtant elle me frappa désagréablement ; sans doute, dans une autre circonstance, rien ne m’eût semblé plus simple que l’espèce de curiosité que madame de Pënâfiel avait d’abord témoignée en remarquant Ismaël, dont le costume pittoresque et éclatant devait attirer tous les regards ; sans doute rien de plus naturel aussi que la crainte qu’elle parut ressentir lorsque le cheval du renégat manqua de se renverser sur lui, mais ce qui me paraissait étrange, inexplicable, c’était ce témoignage de sensibilité envers un homme qu’elle ne connaissait pas, et