Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/220

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On vit de nouveau paraître les deux têtes des chevaux au-dessus de la deuxième haie, puis les deux cavaliers la passèrent royalement !… encore ensemble.

C’était une course magnifique… les bravos retentirent, pourtant on était douloureusement oppressé.

À la troisième haie, M. de Merteuil eut l’avantage d’une longueur ; mais après le saut, M. de Senneterre, regagnant sa distance, revint tête à tête, et l’on put voir les deux jockeys s’approcher de la dernière et terrible barrière avec une incroyable rapidité.

Je m’étais placé dans la contre-allée, quelques pas avant le but, afin de bien examiner les traits des deux rivaux.

Bientôt on entendit sourdement résonner le sol sous le branle précipité du galop… Rapides, MM. de Senneterre et de Merteuil passèrent devant moi encore tête à tête ; à peine si la moiteur ternissait le vif reflet de la robe de leurs chevaux, qui, les naseaux ouverts et frémissants, allongés, la queue basse, les oreilles couchées, rasaient le sol avec une vitesse merveilleuse.

MM. de Merteuil et de Senneterre, pâles, courbés sur l’encolure, leurs mains nues, collées au garrot, serraient leurs chevaux entre