Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dieu, quel épouvantable événement ! Je viens de dîner chez le comte de *** ; je ne sais pas seulement ce que j’ai mangé tant j’étais bouleversé.

— C’est un événement affreux ! — lui dis-je.

— Affreux, affreux, affreux ! Mais ce qu’il y a de plus affreux, c’est la cause du défi… Vous savez ce qu’on dit ?

— Je sais ce qu’on dit, — répondis-je, — mais je ne sais pas ce qui est.

— C’est absolument la même chose, — reprit M. de Pommerive ; — mais ne trouvez-vous pas que de la part de madame de Pënâfiel c’est le comble de l’insolence que d’oser venir assister à cette course ? Mais parce qu’elle a une des maisons de Paris les plus recherchées, parce qu’elle a assez d’esprit pour dire les plus sanglantes épigrammes, celle fière et impérieuse marquise se croit tout permis. C’est révoltant !… ma parole d’honneur ; aussi il faut une justice ! Et parce qu’après tout on va chez elle, parce qu’elle vous reçoit bien, parce qu’on y dine à merveille, il y aurait de l’indignité, il y aurait même de la bassesse, je ne crains pas de le dire, il y aurait de la bassesse à se taire sur un pareil scandale ? On aurait l’air en vérité de s’être inféodé à ses caprices ; on serait de véri-