Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/225

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histoire du Turc et de la marquise ? — s’écria M. de Pommerive avec un élan de joie impossible à rendre.

— Comme je n’avais pas quitté un instant Ismaël de vue pendant la course, je fus curieux de savoir jusqu’à quel point l’histoire allait être vraie ; et je répondis à M. de Pommerive que j’ignorais ce qu’il voulait dire.

Alors cet infernal bavard commença le récit suivant, en l’accompagnant d’une pantomime grotesque et de gestes bouffons qu’il joignait toujours à ses détestables médisances, afin de les rendre plus perfides en les rendant véritablement fort comiques.

— Figurez-vous donc, mon cher monsieur, — me dit M. de Pommerive, — qu’au moment même où ces deux malheureux jeunes gens, par excès de délicatesse, allaient risquer leur existence pour elle, madame de Pënâfiel se prenait tout à coup de la passion la plus inconcevable et la plus désordonnée pour un Turc… oui, monsieur… pour un infernal scélérat d’une assez belle figure, il est vrai, et de qui ce diable de Cernay s’est engoué on ne sait en vérité pas pourquoi. Mais enfin se passionner aussi subitement, aussi frénétiquement pour un Turc, concevez-vous cela ? Moi, je le con-